lundi 24 août 2009

Ma mère aurait dit de Bill...

Ma mère aurait dit de Bill qu’il est passé en coup de vent! Parti du fin fond de l’Atlantique qu’il a traversé dans le temps de le dire, Bill a effleuré la côte est des États-Unis avant de flirter avec les provinces maritimes canadiennes. Il a laissé beaucoup moins de dégâts que ce que les météorologues avaient osé prédire. Et là, je vais digresser!

Premièrement, je parle de Bill avec mes yeux d’observateur de la lointaine Ontario. Betsy et Susan ont probablement une opinion complètement différente de Bill! L’œil de Bill leur est passé en plein sur le citron! Et oui, les filles vivent près de Sheet Harbour en Nouvelle-Écosse. Je sais que Betsy était inquiète de Chuffy son cheval et sa grange. Je pensais à Marike, Karin et Elisabeth qui sont parties en croisière dans l’océan Artique et à leur maison sur le bord de la mer. Fière structure, elle montre ses bardeaux de cèdre comme un défi lancé à Bill. Je suis né au Nouveau-Brunswick et y ai grandi. Notre maison était aussi recouverte de bardeaux de cèdre, comme la plupart des maisons des provinces maritimes. Nos ancêtres connaissaient les propriétés réfractaires à la pourriture du cèdre. Ils en recouvraient à peu près tous les bâtiments aux alentours. Et pour égayer le paysage, on décorait le tout avec des couleurs à rendre jalouses les Lynda Reeves, Sara Richardson et Martha Stewart des temps modernes! Ma mère s’amusait à peinturer la maison à tous les quatre ou cinq ans. Et vous auriez dû voir les couleurs! Quelques combinaisons dont je me souvienne et peut-être les plus marquantes : Rose saumon avec les moulures vert forêt! Bleu ciel avec moulures blanches! Vert forêt avec moulures jaune serin! Mon père travaillait au moulin à papier à Dalhousie donc il ne pouvait pas vraiment aider à cette besogne. D’ailleurs, je ne crois pas que Maman s’attendait à ce qu’il l’aide. Je pense qu’elle s’en faisait un honneur. Elle ressentait une certaine fierté de savoir qu’elle avait la maison la plus colorée du village. C’était aussi la maison qui était repeinte le plus souvent! La maison était la fierté de ma mère et l’auto était celle de mon père. Il en changeait presque à chaque année, sinon aux deux ans. Je crois que c’était la seule chose que mon père choisissait seul ou plutôt, je le croyais! Il semblait toujours revenir à la maison avec sa nouvelle auto. Un jour, il est revenu avec sa rutilante Comet 1966 toute rouge pompier avec le toit blanc. Maman l’a haïe instantanément! Elle détestait cette couleur! Et Papa l’a su tout de suite. L’auto n’est restée chez nous que six mois! Et Maman a fait partie du comité de sélection par la suite! Les autres autos étaient un peu plus ordinaires, sauf la Dodge Coronet 500 1969. Sa carrosserie était de la couleur d’un délicieux caramel avec le toit noir. Et elle pouvait rouler vite! J’étais tellement fier d’être dans la voiture avec mon père quand il alla l’essayer dans le village. Et lorsqu’il fit crisser les pneus à 60 milles à l’heure en enfonçant l’accélérateur, rien ne me faisait plus trépigner que de penser que les autres garçons du village me verraient! Oh que j’étais fier que mon père conduise une telle voiture!

Ai-je parlé de digression?

Deuxièmement, les météorologues avaient prédit les dates et les heures approximatives où Bill frapperait les côtes nord-américaines. Nombre de commentateurs à la télé nous prévenaient des humeurs de Dame Nature! Celle-ci allait déverser des tonnes d’eau sur les Maritimes. Quel est ce besoin de l’humain de personnaliser des éléments de la nature et de les responsabiliser? Depuis quand et pourquoi sent-t-on le besoin de nommer des ouragans, des tempêtes? Je comprends qu’on doive leur donner un nom ou un numéro pour s’y référer dans le futur mais de là à leur donner la responsabilité de la stupidité de certains humains! Oui, il est triste d’entendre qu’une petite fille de sept ans s’est noyée dans la mer. Mais est-ce la faute de la mer, des vagues qui l’ont emportée, de Bill? Et que dire des parents qui ont laissé l’enfant se tenir à portée des vagues? Est-ce Bill qui l’a emportée dans sa furie ou plutôt l’insouciance (j’ai envie d’employer le mot imbécillité) d’un quelconque adulte qui était sensé surveiller et protéger la petite fille?